1er semestre 2025 de SEB : une très mauvaise performance bénéficiaire et une sévère révision à la baisse des perspectives annuelles
Le Groupe SEB a publié le 23 juillet, pour le S1 2025, un CA de 3748 M€ en quasi-stagnation à taux de changes et périmètre comparables (+0,6%), un résultat opérationnel des activités (ROPA) en recul de 51% à 119 M€ (marge de 3,2%) contre 244 M€ (marge de 6,5%) au S1 2024. Le bénéfice net part du Groupe est quasi nul (0,8 M€ contre 100,1 M€ au S1 2024), soit 1 centime par action (contre 1,83€). Par ailleurs, l’endettement continue de déraper avec une dette nette de 2658 M€ en hausse de 732 M€ par rapport au 31/12/2024 et de 236 M€ par rapport au 30/06/2024 (en intégrant le règlement en mai dernier de l'amende de 189,5 M€ de l'Autorité de la concurrence). Le ratio de levier (dette nette/ Ebitda) ressort à 2,9x, soit le plus haut niveau depuis l’acquisition de WMF (2017) où il s’établissait à 2,7x.
Cette performance a conduit le Groupe (qui s’est appuyé sur la politique douanière des Etats-Unis), à réviser en nette baisse ses objectifs pour l’année 2025 qui pourtant n’avaient été annoncés que le 24 avril, à l’occasion de la publication du chiffre d’affaires du 1er trimestre 2025.
Cette publication, aux allures de sévère « profit warning », conforte notre inquiétude déjà ancienne sur la solidité du modèle de croissance rentable du Groupe. Les résultats du S1 2025 et la présentation « investisseurs » qui les accompagne nous inspirent les réflexions suivantes :
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La marge de ROPA du 1er semestre 2025 (3,2%) est la plus faible depuis plus de 15 ans et ressort inférieure à celle du 1er semestre 2020 (3,5% année du Covid), sachant qu’avant l’intégration de l’activité très rentable du Café Professionnel, cette marge était en moyenne de 7,8% (2013 -2017). Cela conduit à penser que les seuls droits de douane de M. Trump, certes pénalisants, n’expliquent pas totalement la situation actuelle.
- Concernant les facteurs influençant l’évolution du ROPA au S1 2025, nous constatons un effet mix-prix négatif de 11 M€ (contre un effet neutre au S1 2024) ce qui est contradictoire au regard de la communication du Groupe qui insiste sur l’effort d’innovation produits qui s’est manifesté dans les ventes du 1er semestre et devrait s’amplifier au second. Même si la marge de ROPA est affectée par un effet devise négatif (-59 M€), celui-ci étant moins élevé qu’au 1er semestre 2024 (-73M€), il n’explique pas la baisse du ROPA entre le S1 2024 et le S1 2025. En revanche, les moyens moteurs pour soutenir l’innovation (63 M€ soit +29 M€) et les frais administratifs et commerciaux (26 M€ soit +14 M€) ne se traduisent pas par un mix-prix positif ; cela conforte notre sentiment que le recours récurrent aux programmes de fidélité pèse non seulement sur le taux de rentabilité unitaire de certains produits vendus mais se répercute ensuite sur la croissance des ventes ultérieures.
- En masse le ROPA du S1 2025 (119 M€) recule de 125 M€ par rapport au S1 2024 (244 M€). Le Groupe indique une baisse de contribution d’environ 40 M€ pour le Café Professionnel et d’environ 20 M€ pour l’Amérique du Nord ; il reste donc 65 M€ à isoler (1). Nous estimons que, hors nouveaux produits, l’effet prix négatif est supérieur à 11 M€ sur le reste de la gamme vendue au S1 2025 ; selon nous cela expliquerait la forte pression constatée sur la marge de ROPA, par ailleurs accentuée par le quasi doublement des frais commerciaux au S1 2025.
- La génération de liquidités (Cashflow libre ou FCF), ne s’améliore pas (FCF négatif de 213 M€) par rapport au S1 2024 déjà mal orienté (-215 M€ contre +132 M€ au S1 2023) ; ce FCF négatif de 213 M€, le versement du dividende 2024 (207 M€) et le financement des petites acquisitions du semestre (106 M€) ont participé (à hauteur de 526 M€) à la hausse de 542 M€ de la dette nette, à laquelle s’est ajouté le règlement de l’amende de l’Autorité de la concurrence. Le Groupe SEB ne parvient toujours pas à se désendetter depuis sa dernière acquisition stratégique de 2017, ce que nous avons à plusieurs reprises souligné. Sans être alarmante, cette situation financière devient inquiétante dans un environnement économique que le Groupe qualifie lui-même d’incertain. Rappelons que sur l’année 2024, SEB n’avait généré que 260 M€ de FCF positif alors que le Groupe considère que sa zone de confort se situe aux environs de 400 à 450 M€ de FCF par an.
Dans le sillage de la publication de son résultat du 1er semestre 2025, SEB a révisé drastiquement à la baisse ses perspectives bénéficiaires annuelles en prenant la précaution de préciser que les inquiétudes pour le 2ème semestre 2025 persistent : 1) CA 2025 en progression de +2 à +4% (autour de 5% précédemment) ; 2) un ROPA entre 700 et 750 M€ (contre 802 M€ en 2024). Les fourchettes sont larges et le ROPA est ainsi attendu en recul de 6,5% à 13%. Ces nouveaux objectifs nous conduisent à nous placer en milieu de fourchette et nous attendons : un CA 2025 de 8500 M€ (+2,8%) et un ROPA de 725 M€ (-9,6%), ce qui fait ressortir une marge de ROPA de 8,5% contre 9,7% en 2024, désormais assez éloignée de l’objectif de 11% à l’horizon 2026 envisagé par la Direction du Groupe lors de la réunion stratégique du 11 décembre 2023.
Au regard de l’exceptionnelle faiblesse du résultat net part du Groupe au S1 2025 (0,8 M€) que l’on n’a quasiment jamais constatée dans la période récente (à l’exception du S1 2020 et de l’impact du Covid : 2,7 M€), de la forte incertitude du contexte économique et géopolitique rappelé par le Groupe, les nouveaux objectifs 2025 paraissent ambitieux, surtout suite aux médiocres performances opérationnelles du 1er semestre.
Enfin, la dérive de la dette, dont la charge financière a progressé de 30% au S1 2025 (39,4M€) et pourrait dépasser 100 M€ en année pleine (81,7 M€ au 31/12/2024, 35 M€ au 31/12/2022), risque de se poursuivre si la génération de FCF demeure médiocre (ce qui n’est pas exclu dans les conditions actuelles de rentabilité du Groupe). Dans un contexte plus difficile pour SEB, le simple maintien du dividende (207 M€ distribués au titre de 2024) exigerait une augmentation significative du taux de distribution, aux dépens du nécessaire désendettement et au risque à terme de devoir réduire la masse des dividendes distribués si le modèle historique de croissance rentable continuait de souffrir.
(1) La baisse du ROPA du S1 2025 par rapport au S1 2024 ne s’explique ni par la variation de l’effet devises ni par celle du coût de production des produits vendus, car globalement ils se compensent quasiment, soit respectivement +14 M€ (par rapport au S1 2024 pour les devises) et -11M€ (par rapport au S1 2024 pour le coût des ventes).
Vous trouverez sur le site de FÉDÉRACTIVE www.federactive.com le présent communiqué.
Le 30 juillet 2025
Communiqué de presse FÉDÉRACTIVEVente et résultats semestriels SEB 2025Contact FÉDÉRACTIVE : Pascal Girardot - 06 86 44 75 71 - pascal.girardot4@gmail.comRédacteur : Roland Gagnon 06 88 38 17 14