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SEB: un mauvais T3 2025 débouchant sur l’annonce d’un plan de réorganisation

Dans le sillage de l’avertissement du 6 octobre, les informations financières des 9 premiers mois 2025 ont quantifié la médiocrité des ventes et du résultat opérationnel des activités (ROPA). Ainsi, le CA 9 mois de 5664 M€ est en stagnation organique et le ROPA en chute de près de 40% à 267 M€ ; la marge (4,7% vs 7,8% sur 9 mois en 2024) se situe au pire niveau connu depuis plus de 15 ans (cf. marges 9 mois de 5,7% en 2022 - année des deux précédents avertissements - et de 6,9% en 2020 - année du Covid).

Le CA consolidé du T3 2025 baisse de 1,2%, alors que celui du T3 2024 progressait de 4% et celui du T3 2023 progressait de 8,9%. Le Groupe fait face à une accentuation de la rupture de son modèle de croissance, comme cela avait été le cas en 2022. Comme SEB l’avait souligné lors de son avertissement, le 3ème trimestre (en particulier septembre) prépare l’activité de la traditionnelle haute saison (3 derniers mois de l’année civile) qui se présente donc mal pour le Groupe sur l’ensemble de ses débouchés géographiques.

Au 3ème trimestre la plupart des marchés clés sont en stagnation ou recul organique pour l’activité « Grand Public ». LAmérique du Nord souffre le plus (-14,4%) mais nous considérons que ce recul organique n’est pas exclusivement imputable à la politique douanière des Etats-Unis. Le faible redémarrage en Chine (+3,5% en organique) doit être relativisé sachant que le T3 2024 était en baisse de 1,9%. De même, en Europe (EMEA) la quasi-stagnation du T3 (+0,4% dont +1% en Europe occidentale) confirme la perte de dynamisme des autres pays qui étaient le moteur de l’activité de la région (croissance organique de +10% en moyenne annuelle de 2018 à 2024). Il est vrai qu’après une année 2024 encore très positive pour les autres pays de la zone EMEA (+22,5%), un ralentissement était probable. Il n’empêche que la forte décélération du T1 (+7,2%) suivie de deux reculs au T2 (-0,3%) et T3 (-0,7%) posent question. Concernant l’activité « Professionnel », le redressement du Café Professionnel est bien timide (+2,4% au T3), sachant que sur les neuf premiers mois la branche « Professionnel » dans son ensemble affiche encore une baisse de l’ordre de 6% (tcpc) après retraitement d’un élément comptable spécifique au T3 2024. Ce fort recul organique de la branche Professionnel montre que la multiplication des petites acquisitions réalisées depuis 2019 pour plus de 350 M€ (hors Café) ne crée pas de valeur en termes de croissance ou de synergies.

À la différence des années antérieures, le Groupe SEB ne fournit aucune indication sur le niveau de son endettement net au 30 septembre de l’exercice, ni dans le Communiqué de Presse ni dans la Présentation aux investisseurs (cf. tableau ci-dessous remontant à 2017, acquisition de WMF). Ce défaut d’information est très préoccupant.

Nous estimons que, au regard de la situation au 30 juin 2025 (dette nette de 2658 M€) et de la sévère dégradation de la trésorerie d’exploitation au 3ème trimestre, la dette nette pouvait au 30/09/2025 atteindre ou dépasser 3Md€. Compte tenu de la saisonnalité de l’activité, la trésorerie générée au T4 permettrait à la dette nette de s’établir aux environs de 2,4 Mds€ en fin d’année 2025. Cette hypothèse implique une augmentation de 500 M€ par rapport à la fin 2024 et aboutit à un ratio de dette nette/Ebitda compris entre 2,8 et 3 fois (selon notre estimation d’Ebitda comprise entre 800 et 850 M€) contre un peu moins de 2x en 2024 (1,85x).

Simultanément à la publication du résultat au 30/09/2025, l’annonce d’un plan rebond visant le retour à une croissance rentable et ses motivations nous inspirent les réflexions suivantes :

-          La Direction Générale de SEB a bien tardé à réagir aux alertes régulières de FÉDÉRACTIVE concernant la rupture du modèle de croissance historique du Groupe et, à force de déni, le management décideur finit par devoir se lancer dans une réorganisation soudaine, et qui aurait pu être évitée si les bonnes décisions avaient été prises. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que voilà moins de deux ans (journée investisseurs du 14 décembre 2023) la Direction du Groupe s’engageait sur des objectifs, à l’horizon 2025-2026, de taux de croissance annuel moyen du CA d’au moins 5% et d’une marge opérationnelle progressant vers 11%.

-          Les motivations et les grandes orientations du plan décrites dans le communiqué de Presse du 23 octobre 2025 laissent penser que les mesures, qui seront détaillées début 2026, impliqueront des réductions d’effectifs significatives dans les usines et également dans les services corporate.

-          L’objectif annoncé de réaliser « environ 200 M€ d’économies récurrentes à horizon 2027 » passera probablement par des provisions dotées en 2025 qui pèseront sur le résultat consolidé comptable. Celui-ci, dont nous savons déjà qu’il sera très affecté par la dégradation des marges d’exploitation mais aussi par une forte hausse de plus de 30% des intérêts de la dette (environ 110 M€ contre 82 M€ en 2024 et 35 M€ en 2023), devrait être extrêmement bas et ne pas permettre d’augmenter le dividende, ou peut-être le diminuer.

Nous mettons actuellement à jour notre étude comparative SEB-De ‘Longhi d’avril 2024, où nous analysons les divergences de performances des deux groupes qui, à nos yeux, reflètent une profonde différence d’efficacité de leurs Directions Générales en matière de démarche stratégique et de gestion des opérations. Cette mise à jour sera disponible très prochainement.

 Télécharger le communiqué

Le 28 octobre 2025 - Communiqué de presse FÉDÉRACTIVE - Informations financières SEB T3 2025 du 23/10/2025

Contact FÉDÉRACTIVE : Pascal Girardot - 06 86 44 75 71  pascal.girardot4@gmail.com