SEB - De ‘Longhi : stratégie gagnante du Groupe italien et sévère défaillance de la Gouvernance du Groupe français
Suite à la révision des perspectives financières pour 2025 publiée par SEB le 6 octobre 2025 et au communiqué de cette dernière du 23 octobre 2025 sur les ventes et informations financières des 9 premiers mois 2025 dégradées, débouchant sur l’annonce d’un plan de réorganisation de SEB, FÉDÉRACTIVE a demandé à Roland Gagnon la mise à jour de son analyse financière comparant la situation de SEB à celle de De’Longhi, qu’il avait réalisée le 24 avril 2024.
La conclusion de notre étude comparative du 24 avril 2024 saluait le remarquable redressement de l’activité et des marges réalisé par les deux groupes en 2023, suite à une année 2022 dévastatrice pour les deux acteurs. Même si nous insistions sur la persistance d’un avantage en faveur du groupe italien en termes de marge de manœuvre financière, nous considérions que le groupe français était en situation de prendre des initiatives stratégiques pour donner un second souffle à sa croissance. Nous estimions que les positions n’étaient pas figées mais que la pertinence des initiatives stratégiques et la qualité de leur mise en œuvre managériale feraient la différence.
Force est de constater qu’à l’approche de la fin 2025 nous avons la réponse : en moins de 2 ans, l’écart s’est creusé en faveur de De ‘Longhi. Le groupe italien qui représentait 38,5% du CA consolidé de SEB en pèse aujourd’hui près de la moitié (45%), à savoir 3750 M€ contre 8300 M€ pour SEB.
En termes de capitalisation, le constat est plus spectaculaire encore : depuis la fin décembre 2023 la valeur boursière du français a été divisée par plus de deux (2,75 Mds€ contre 6,3 Mds€) tandis que celle du groupe italien est demeurée stable (4,6 Mds€). Alors que le poids boursier de De ‘Longhi ne représentait que 70% du français, sa valeur de marché atteint désormais 1,7 fois celle de SEB.
Au-delà de l’exercice 2025 qui témoigne de l’indiscutable divergence fondamentale entre les deux groupes (révision en hausse des anticipations bénéficiaires de De ‘Longhi lors de sa publication semestrielle ; deux profit warning successifs de SEB suite à son résultat au 30/06/2025), nous identifions plusieurs facteurs illustrant la perte de vitesse du groupe français face à son homologue italien. Un essoufflement de la croissance organique constaté à partir du S2 2024 qui s’accélère depuis et que nous imputions de longue date à un déficit d’innovation. Il en a résulté, une course au volume au détriment de la rentabilité (programmes de fidélisation récurrents) aboutissant à une forte détérioration de la marge d’Ebitda qui sera 6 points inférieure à celle du concurrent italien (10,2% estimé en 2025 contre 16%).
Cette situation très dégradée a provoqué un effondrement de la génération de liquidités (Free Cashflow) et une forte dérive de l’endettement net qui sera voisin de 3x l’Ebitda fin 2025, alors que De ‘Longhi conserve une situation de trésorerie nette positive de 346 M€ au 30/06/2025 en dépit d’une politique active d’acquisition (855M€ depuis 2019, montant voisin de celui alloué par SEB).
La stratégie d’acquisition de De ‘Longhi est astucieuse et gagnante, les ressources financières ayant été orientées vers trois opérations structurantes qui ont permis de renforcer son positionnement premium. A l’inverse SEB, qui fut pionnier en matière de croissance externe pertinente, a multiplié depuis 2020 les petites opérations chèrement payées (500 M€ hors Café Professionnel) et qui ne créent pas de valeur en termes de croissance ou de synergies. De ‘Longhi se concentre sur 4 marques haut de gamme emblématiques et a constitué un pôle Café B2B qui pourrait bientôt disputer son leadership au groupe français. En matière de contribution des acquisitions nous notons, depuis 2021, une progression moyenne annuelle du CA de 4% pour De ‘Longhi et seulement de 0,7% pour SEB.
Si De ‘Longhi a sous-performé ses indices de référence, le groupe n’a pas détruit de valeur. La sanction boursière du Groupe SEB (chute du cours de 56% en deux ans dont -43,6% sur les dix premiers mois de 2025) peut sembler sévère ; cependant, nous la trouvons justifiée au regard de la faillite d’une Direction Générale dont la gestion aboutit à l’annonce d’un plan de réorganisation qui entraînera des suppressions d’effectifs et une probable diminution du dividende en 2025. La valeur boursière négative du Groupe SEB (hors valeur de sa participation dans SUPOR) reflète la rupture de la confiance des investisseurs envers une Direction Générale qui a détruit de la valeur pour l’ensemble de ses actionnaires.
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Jeudi 30 octobre 2025 - Communiqué de presse FÉDÉRACTIVE - Mise à jour de l’étude comparative SEB De’Longhi - Rédacteur Roland Gagnon 06 88 38 17 14
Contact FÉDÉRACTIVE : Pascal Girardot 06 86 44 75 71 - pascal.girardot4@gmail.com
Accès à l’analyse comparative SEB / De'Longhi du 24 avril 2024
